Grands moments de solitude à partager
Depuis qu’il y a Internet, les forums et les blogs, je me sens moins seule. Je ne veux pas parler du « lien social » comme disent les sociologues qui veulent monter qu’ils ne sont pas le commun des mortels et que s’ils passent à la télé, c’est pas pour la Starac. C’est vrai que depuis le temps que ma famille me voit surfer sur le net, elle a bien compris que je menais une double vie. C’est pas faux non plus que la campagne sans Internet ce serait beaucoup moins rigolo. Mais je voulais vous parler d’une autre forme de solitude, celle des « grands moments ».
Comme les jours où je me sens pas trop moche parce que j’ai passé 15 minutes de plus dans la salle de bains à me pomponner, à essayer de me faire un vrai maquillage avec une vraie ombre à paupières et même, soyons fou, avec un peu de vrai fond de teint. Juste parce que je mets une nouvelle jupe et que ça me donne des envies de coquetterie. Et que c’est justement ce jour-là que je rate la cafetière avec ma verseuse et que j’arrose le plan de travail, le sol de ma cuisine et ma jupe d’eau froide. J’ai beau positiver, me dire que l’eau c’est mieux que le café, que froid ça évite les brûlures au deuxième degré et que le maquillage restera même si je dois retirer ma nouvelle jupe et enfiler dare-dare un jean, ça donne un grand sentiment de solitude.
Comme les jours où j’arrive à l’école tout sourire et que la tête de mon Terrible et pire encore celle de la maîtresse derrière lui me font penser là d’un coup que le sourire ne va pas durer longtemps. C’est fou ce que je me sens seule dans ces cas-là.
Comme les jours où j’innove en cuisine et me lance dans une recette de « velouté de topinambours » en me disant que ça va changer de la soupe de légumes basique dont tout le monde doit commencer à se lasser. Et que avant même d’avoir entendu « c’est quoi cette soupe bizarre ? », rien qu’à la tête perplexe de mes schtroumpfs, je sais que je vais avoir droit à « pourquoi tu n’as pas fait la soupe bonne que tu fais d’habitude ? ». Ben là non plus je ne me sens pas super entourée en fait.
Comme les jours où, dans un tsunami de culpabilité je me sens une mère monstrueuse abandonnant ses enfants pour aller surfer sur le net, que même Folcoche elle aurait jamais fait ça. Prise de remords, je pars à la recherche de mes schtroumpfs pour leur proposer un jeu. Et je dérange la Sauterelle en pleine conversation MSN avec une copine, j’entends le Terrible me répondre « heu, là il y a Benten ( ?) qui va commencer à la télé », et même Petit Dernier me lâche pour « finir d’écrire ses mots ». Comment ne pas toucher le fond de la solitude ?
Comme lundi dernier où j’ai cumulé une matinée de mini-catastrophes, du style à me faire penser que si le gros nuage noir au dessus de ma tête pouvait aller ailleurs ce serait gentil. Dans mon cyclone force 4 emportant entre autres une araignée, une voiture, un téléphone, il n’y avait pas foule non plus.
Pourtant grâce aux blogs, j’ai découvert un monde inconnu, peuplé de petits hommes vertsd’autres blogueuses qui vivaient à peu près (faut pas exagérer, il m’arrive de battre des records inégalables, je reste lucide) les mêmes moments de solitude. Que je ne suis pas la seule à sortir de mes gonds avec mes schtroumpfs, pas la seule à ramer niveau boulot, pas la seule non plus à ne pas être au top de la glamouritude. Et le mieux dans tout ça, c’est que ça me fait rire !