Jurée d'un jour #1

Publié le par elodie

Ce jour-là, au programme, une affaire d’une journée. Je n’en sais pas grand-chose « une femme qui aurait accouché seule chez elle et qui aurait tué son bébé ». Mais cela suffit à me glacer. De toutes façons, je ne serai pas retenue parmi les jurés tirés au sort ce jour : l’avocat de la défense a le droit de récuser 5 jurés (il n’a pas besoin, ni même le droit de motiver sa décision, mais il ne peut se baser que sur le nom, la profession, l’âge ou l’apparence du juré), et je suis persuadée que toutes les femmes en âge d’avoir des enfants jeunes resteront sur le carreau.


A 9h, je rentre comme les autres jurés dans la salle d’audience pour le rituel auquel je me suis rapidement habituée. L’accusée est déjà dans la salle. Dans les précédentes affaires, les accusés sont entrés encadrés par la police, là non : elle n’était pas détenue avant le procès. Je vois seulement une jeune femme discuter avec l’avocat de la défense (toujours placé au même endroit), je m’interroge un peu et rapidement elle s’installe à la pace de l’accusée. C’est une jeune femme brune, au visage triste mais jolie, les cheveux tirés, pas vraiment l’image de la tueuse d’enfant...


Comme à l’école, le président fait l’appel des 34 jurés, avant de procéder au tirage au sort.

Premier nom tiré sur la liste : une femme, qui doit approcher de la cinquantaine. Jusqu’alors, les avocats ont toujours récusé le premier juré tiré au sort, respectant parait-il en cela une vieille tradition de la profession. La jurée reste donc figée attendant le veto de l’avocat,  mais il faut croire que celui-ci ne suis pas les habitudes de ses confrères. Elle sera le premier juré, celui qui signe aux côtés du président. J’en suis moi-même si étonnée que j’en oublie de retenir ma respiration lors de la suite du tirage au sort. J’aurais peut-être dû, car c’est mon nom qui arrive ensuite. J’espère encore la récusation, mais l’avocat reste décidément muet. Je me lève et vais m’asseoir à la « tribune », ce n’est sans doute pas le terme exact, mais je ne vois rien de mieux, face à la salle, aux côtés de l’un des juges assesseurs, assistant le président pour l’affaire.


Finalement l’avocat de la défense ne fera absolument aucun usage de son droit de récusation, et on se retrouve 7 femmes et 2 hommes pour le jury de la journée. La jurée complémentaire (un peu comme pour le tirage du loto, il y a aussi un numéro complémentaire, qui sert à corriger les éventuelles défaillances d’un membre du jury) est elle aussi une femme. Toutes mes prévisions sont tombées à l’eau : nous sommes 3 à avoir des enfants jeunes, et deux jurées ont une profession liée à la petite enfance.


C’est l’heure de prêter serment, de lever la main droite et de dire « je le jure » en réponse à un texte, très beau et très solennel, lu par le président. Ça y est, c’est officiel je suis jurée de cour d’assises.

Publié dans Ma p'tite vie de fille

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F
gloups ! la suite la suite !<br /> biz
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E
<br /> Il suffisait de demander ;-)<br /> <br /> <br />