Bon bout d'an !
Ouf, je suis encore dans les temps ! Parce que chez moi, il y a une tradition le 31 décembre, tradition que je n’aime pas louper. Pour bien la comprendre il faut savoir deux choses.
La première, c’est que je déteste le réveillon du 31 décembre, et qu’il ne faut pas compter sur moi pour sortir ce soir là les paillettes, les cotillons et me dandiner sur la danse des canards (bon, je reconnais, je suis de mauvaise foi, on peut danser sur des musiques pas ringardes du tout, mais ce soir là, je n’aime pas).
Longtemps nous avons passé des réveillons avec nos clones : des amis que nous appréciions déjà toute l’année, mais qui pour ce soir-là cumulaient tous les atouts : le goût du champagne et de la bonne bouffe, l’envie de ne surtout pas faire une grosse fête, des enfants du même âge que les nôtres et comble du bon goût et de l’intelligence, la proximité, une trentaine de mètres séparant nos deux maison. Leur seul défaut : ils n’ont pas eu l’idée de déménager en même temps que nous et les 30 mètres sont devenus 900 km.
C’est pourquoi ce soir le réveillon sera encore plus extravagant. A l’heure qu’il est foie gras et saumon sont au frigo, et notre principale hésitation concerne le choix du jeu et du programme télé pour ce soir : « la bonne paye » et ET ou devine tête et Stuart Little ? En revanche, les coupes risquent d’être remplies de champomy plutôt que de champagne, mon mari travaillant ce soir, je ne me vois ni saouler mes enfants, ni me siffler seule une bouteille. Allez, soyons fous, si ça se trouve, j’ouvrirai du perrier rien que pour moi !
Mais si malgré tout je tiens à une certaine tradition c’est parce que je suis Marseillaise. Et Marseille ce n’est pas seulement le pastis, la pétanque, le Vélodrome, et le mistral. Ce n’est même pas plus l’image branchouille acquise par cette ville longtemps honnie par les parisiens. Marseille c’est un langage, et pas seulement un accent. Il faut être Marseillais ou y avoir vécu longtemps pour apprécier à sa valeur la tenue complète d’une cagole, savoir passer la pièce sur les mallons, faire un gâté et manger un sandwhich tournedos-frites !
Or, à Marseille, on ne se contente pas de se souhaiter une bonne année. Et surtout, surtout, il est hors de question de le faire avant l’heure, superstition oblige. Alors en attendant le 1er janvier, on se quitte en se souhaitant un « bon bout d’an » (Ce qui laisse tout non marseillais pantois, se creusant la cervelle pour savoir quelle étrange raison peut vous pousser à lui souhaiter un « bon boudin »).
Tradition oblige, je vous dis donc à l’année prochaine et « bon bout d’an » !