Jurée, levez-vous !
Il y a un plus d’an, je recevais une lettre m’annonçant que j’avais gagné à un tirage au sort. Pour une fois que je gagnais quelque chose il ne fallait pas s’étonner que mon « cadeau » soit quelque peu empoisonné : mon nom avait juste était pioché sur les listes électorales pour faire partie des jurés d’assises potentiels.
La bonne nouvelle c’est que ce n’était qu’une présélection et que mes « chances » de faire partie de la liste définitive étaient minces. Et puis on le sait bien : gagner 10 € au loto c’est facile (en théorie, parce que même ça, ça ne m’est jamais arrivé), mais gagner le gros lot c’est plus rare. Or il n’y a pas de raison pour que la Française des jeux soit plus sélective que les Assises.
Eh bien en fait si.
Et je dirais même que c’est bien plus vicieux comme système, parce qu’au loto on n’attend que quelques heures pour savoir combien on a gagné. Alors que là, j’avais presque oublié cette histoire et je m’étais dit que cette sélection concernant les procès tenus en 2008, je pouvais m’estimer « recalée » au tirage au sort. Jusqu’à ce que je reçoive la lettre recommandée annihilant mes derniers espoirs.
Surtout que j’ai vachement le choix : soit j’accepte, soit j’ai une petite amende à payer. Oh pas grand-chose, juste 3750 euros. Ils auraient du me le dire avant, on aurait attendu pour refaire la fosse septique !
Donc je crois que je vais accepter. Il va juste falloir :
- que je m’organise pour faire garder mes enfants. Ça tombe bien, la session à laquele je participe commence pendant les vacances scolaires et se poursuit un jour où l’école fait le pont. Sans compter que en travaillant à la maison, j’avais bêtement imaginé que cela m’éviterait les galères de garde. J’ai bien pensé au centre aéré et à la garderie du soir pour les jours d’école, sauf que je ne suis pas sûre que la garderie soit ouverte à 23 h, heure à laquelle il est tout à fait possible que « l’audience soit levée ». Après vérification, elle ferme bien avant que mon homme arrête de travailler. C’est ballot, hein ?
- que je prie le dieu des pigistes pour que ce ne soit pas justement pile à ce moment là qu’on me propose un article intéressant et bien payé dans le journal de mes rêves.
- que mon mari se mette à la cuisine. Ou que mes enfants se mettent à apprécier les boites de conserve froides. Ou que je fasse des provisions de riz (merci le rice cooker), de salade, de jambon et de surgelés à passer au micro ondes.
- que l’école de Petit Dernier ne me fasse pas à un drame parce que je ne pourrai pas être à la visite médicale où ma présence est bien sûr obligatoire et qui tombe bien sûr justement pendant cette période. D’autant plus que je ne crois pas que mon toubib de mari accepterait de laisser tomber son cabinet et ses patients malades pour expliquer au médecin scolaire que son fiston voit un médecin tous les jours, matin et soir, et qu’il est en pleine forme.
- que le peintre que je supplie de s’occuper de mon dégât des eaux depuis plusieurs mois ne se réveille pas justement à ce moment là.
- que ma voiture toute neuve ne tombe pas en panne juste à cette période. Parce que 50 km à pied matin et soir, je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sens pas trop.
Allez, soyons positifs, et regardons le bon côté des choses.
Je vais enfin utiliser mes 4 ans d’études de droit qui, pour être franche, ne m’ont pas servi à grand-chose à part à remplir mon CV et à me faire des copains.
D’ailleurs, j’ai déjà commencé à me cultiver sur le sujet et à lire un blog très bien fait qui m’a tout bien expliqué. J’ai aussi appelé le tribunal pour savoir quelles affaires j’aurais à « juger ». Maintenant je suis donc bien consciente de mes futures responsabilités, je sais que je vais devoir prendre des notes pendant des heures entières avec au final une décision terrible et que je vais bien m’amuser, en particulier au moment où on va traiter d’un meurtre d’enfant (mais les autres affaires au programme ne sont pas vraiment plus gaies). Ce soir, j’en sais déjà beaucoup plus qu’hier.
Mais je ne sais pas pourquoi, je ne suis pas sûre de bien dormir cette nuit.